Synode pour l’Afrique – II Assemblée Spéciale pour l’Afrique 4 au 25 octobre 2009 – II semaine
II semaine
Cette deuxième semaine des travaux du synode a été caractérisée par trois moments importants : la poursuite des interventions, l’exposé du deuxième invité spécial et la présentation du Rapport après la discussion (la Relatio post disceptationem), et donc les amendements pour aboutir aux propositions à faire au Pape suivis de la présentation de l’ébauche du Message du synode.
Les pères synodaux ont apporté plus d’éclairage à certains aspects déjà illustrés dès le début des travaux
Les interventions de cette semaine ont été en général dans la ligne de celles de la première. Elles ont tourné autour de l’utilisation des médias dans l’évangélisation (Madagascar), la question de la sorcellerie (Mgr Augustine Akubeze, évêque de Uromi au Nigeria), la redécouverte du sacrement de la réconciliation par les pasteurs afin qu’ils dédient plus de temps à sa célébration et enseignent aux fidèles à s’y affectionner (Mgr Honorat Marcel Agboton, archevêque de Cotonou au Bénin), le partage de l’expérience des Eglises chrétiennes dans la résolution des conflits politiques : le cas du FFKM regroupant catholiques, luthériens, reformée, anglican à Madagascar (Mgr Odon Marie Arsène Razanakolona, archevêque d’Antananarivo) et de l’Eglise en Guinée Bissau, de la place de la femme dans l’Eglise et une meilleure justice et équité dans la rétribution à accorder aux religieuses dans leurs différents services, de la difficile relation avec l’Islam aux Comores, de la formation des prêtres, l’expérience de la gestion des camps de réfugiés dans l’Est tchadien (M. François Madjadoum, directeur de SECADEV, Secours catholique et développement), la dénonciation de l’injuste exploitation des biens naturels par des multinationales sans scrupules et la proposition que les épiscopats des pays d’origine de ces groupes aident l’Afrique à faire du lobbing (Mgr Edward Tamba Charles, archevêque de Freetown et Bo en Sierra Leone), l’exposition de l’Afrique aux médicaments sans aucune expérimentation scientifique préalable (Mgr Joseph Shikongo, vicaire apostolique de Rundu en Namibie), d’une meilleure divulgation de la doctrine sociale de l’Eglise auprès des jeunes (Mgr Evariste Ngoyagoyé, archevêque de Bujumbura), etc. Bref, les interventions de la semaine qui s’achève ont apporté des éclairage à certains aspects déjà illustrés dès le début du synode.
La faim en Afrique est une question de manque de volonté politique
M. Jacques Diouf, directeur général du Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture a fait un exposé splendide, où il a parlé notamment du potentiel humain et agricole dont regorge l’Afrique qui pourtant reste à la traîne. Toute la planète peut trouver les ressources nécessaires pour se nourrir, mais en Afrique c’est surtout le manque de véritables programmes politiques qui maintient la population dans la sous alimentation. Il l’a dit le lundi 12 octobre après-midi en présence de Benoît XVI.
Pour bâtir une Eglise-Famille de Dieu réconciliée, juste et pacifiée, l’Eglise en Afrique doit repartir du Christ.
Le Rapporteur général du Synode, le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, archevêque de Cape Coast au Ghana a fondamentalement basé, mardi soir, son rapport sur les thèmes qui émergent dans cette assemblée synodale, après plus d’une semaine de travail.
Pour le moment il ressort que c’est autour de l’idée maîtresse de l’Eglise-Famille de Dieu en Afrique que ce Synode veut bâtir une Afrique réconciliée, juste et vivant en paix. Il s’agit d’un lien clair avec le premier synode des évêques pour l’Afrique. Mais pour bâtir une Eglise-Famille de Dieu, l’Eglise en Afrique sait qu’elle doit repartir du Christ, en renforçant en lui sa foi, car c’est lui notre réconciliation, notre justice et notre paix, et nous nous sommes appelés à devenir disciples, serviteur de la réconciliation, de la justice et de la paix. Cela au nom de notre baptême et de notre foi en Jésus-Christ le Vivant.
Quelles sont les taches que les pères synodaux envisagent pour rester fidèles au Christ ?
Il a été cité la famille. « Comme premier devoir de l’Eglise-Famille de Dieu en Afrique, la réhabilitation de la famille africaine dans sa dignité e dans sa vocation est un premier devoir, vu qu’elle est menacée par des idéologies périlleuses comme celle du « genre ». Il ressort donc l’urgence de former des associations de familles catholiques et des mouvements de laïcs qui défendent le bien de la famille et s’engagent dans les débats publics par des conférences, des programmes radio, etc. Il a été souligné aussi la nécessité d’introduire dans toutes maisons de formation des cours pour une meilleure connaissance du paysage socio-pastoral qui aidera et protégera la famille africaine. La famille comme Eglise domestique devra être aussi redécouverte et son sens encore mieux enraciné dans les mentalités d’être reconnues, dans la société et dans l’Eglise.
La femme comme membre active et engagée dans la vie de l’Eglise et de la société
La dignité de la femme et son rôle au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. La femme, souligne le Rapport, est au service de la vie et de l’éducation des autres membres de la famille pour qu’ils soient vraiment des humains, mais elle ne trouve pas toujours sa place pour réaliser cette vocation à cause de certaines manifestations de la culture traditionnelle et de la culture moderne (prostitution, violence de tout genre et humiliation sociale).
L’Eglise-Famille de Dieu est invitée à faire quelque chose contre les graves injustices perpétrées contre elles. « Elles ont besoin d’être reconnues, dans la société et dans l’Eglise, comme membres actives engagées dans la vie de l’Eglise, et leur contribution au développement et à la sauvegarde de la famille humaine, y compris en temps de conflit doit être reconnu et apprécié leur capacité en ce domaine ».
Concernant le secteur socio-religieux , le rapport souligne que les difficultés soco-économiques que connaît l’Afrique causent la peur, l’incertitude, l’autodéfense, l’agressivité et des fois la recherche de l’occultisme et de la magie. Selon une analyse approfondie c’est le désir insatiable de posséder de façon égoïste qui est à la base des grands conflits que certaines régions d’Afrique ont connus. Les fidèles catholiques tombent alors dans les filets des sectes dans leur soif de recherches de solutions rapides. Pour faire face à cela, la primauté de la catéchèse a été soulignée. C’est seulement dans le Christ, en le connaissant mieux, en restant avec lui en approfondissant la foi par l’écoute de la parole, dans les sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation qu’il est possible de pardonner, comme certains témoignages émouvants ces jours entendus dans la Salle le laissent clairement entendre. Il faudra donc une catéchèse sacramentelle adéquate.
La mission prophétique veut dire être présent là où on décide les sorts des populations
Le cardinal Turkson a parlé aussi dans son Rapport de la mission prophétique de l’Eglise-Famille de Dieu. L’Eglise en Afrique reconnaît dans ce synode l’importance de son rôle prophétique en ces lieux où l’on décide du sort des populations, soient-ils politique, économiques et social au niveau local, national, régional et continental. L’idée d’une représentation des épiscopats africains auprès de l’Union Africaine par exemple, est fortement souhaitée.
Le rôle prophétique de l’Eglise est de fournir aussi aux laïcs les outils nécessaires pour qu’ils soient vraiment chrétiens dans la société et imprègnent de l’esprit évangélique les décisions dans tous les domaines. L’urgence d’une bonne formation doctrinale, dans la doctrine sociale de l’Eglise est à l’ordre du jour.
Le synode salue l’engagement de plusieurs diocèses dans l’utilisation des moyens de communications sociales, mais demande encore plus de formation non seulement pour le personnel, mais aussi pour le clergé. La formation à l’utilisation bénéfique des médias est soulignée surtout à l’égard des jeunes et des moins jeunes.
Il a été souligné la formation du clergé avec la nécessité d’une ratio nationalis intitutionis sacerdotalis pour favoriser le discernement, la formation spirituelle.
Concernant la vie consacrée, son rôle prophétique a été reconnu et le synode insiste aussi sur la formation, le discernement in loco et celui devant accompagner les jeunes africaines voulant s’insérer dans des communautés en Europe.
Du Nord au Sud de l’Afrique, l’Eglise-Famille de Dieu se reconnaît une et une seule avec des visages différents.
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