“Affondo” est à Rome! Chaque embarcation d’immigrants qui coule, c’est une portion de l’Afrique qui se noie

Dans le cadre d’une série de présentations prévues en Italie, le livre “Affondo“, lauréat du Prix International Award for Solidarity with Refugees 2013 a fait étape à Rome, le mercredi 23 octobre 2013. C’était en la Salle Marconi de Radio Vatican.

Introduite par Filomeno Lopes, journaliste, artiste et écrivain de la Guinée Bissau et l’un des organisateurs,  l’évènement a été marqué par trois moments importants: la présentation du livre proprement dite, un premier moment de questions et réponses avec l’auteur, l’intervention duprésident de Médecins Sans Frontières -Italie et enfin le grand débat.

Assurée par le directeur du journal Africa News, Stephen Ogongo, la présentation d’ “Affondo” a permis aux participants de se rendre compte du contexte dans lequel l’oeuvre  a été écrite et de l’insérer dans le climat actuel caractérisé par des vagues successives d’arrivées d’immigrants africains à Lampedusa et les drames qui s’ensuivent.  En bon journaliste, Steve a su transmettre l’émotion que véhiculent les pages d’ “Affondo”, aidant ainsi  la salle à voir les dessus du livre et à aller au-delà du texte. “Chaque embarcation d’immigrants qui coulent dans la Méditteranée, c’est une portion de l’Afrique qui se noie“, at-il affirmé.

Le docteur Loris De Filippi, président de Médecins Sans Frontières-Italie, revenait tout frais du “front”, puisqu’il est rentré directement de Palerme en Sicile pour donner sa communication.  Avec le franc-parler qui le caractérise, il a démontré comment l’Europe est, une fois encore,  en train de manquer la cible en renforçant  seulement ses systèmes de protection sur la Méditerranée, tels que Frontex, plutôt que d’en  destiner les fonds à de vrais projects de recensement des nombreux postes de travail à pourvoir en Europe de l’Est, et à créer en Afrique des pôles de gestions des flux migratoires économiques. Il a aussi déploré le manque de compassion qui gagne de plus en plus la société italienne face au sort des immigrés, les défis des demadeurs d’asile, abandonnés à eux-mêmes. “Si l’Europe continue à ce rythme, nous nous retrouverons dans dix ans a déploré le même phénomène qu’aujourd’hui, si entre temps il ne devient pas plus aigu”. Les années passent, mais l’hypocrisie et l’indifférence autour de la question de l’immigration n’ontpas bougé d’un iota depuis près de 10 ans.

Le débat a été des plus riches. Pusieurs participants ont pris la parole, se posant surtout une question: comment faire pour arrêter ces flux d’immigrants et comment faciliter l’insertion des immigrés africains en Italie? Parmi les solutions préconisées: l’éducation, la formation, le lobbying, le rôle important et irremplaçable des intellectuels africains, les témoignages sur le terrain, la sensibilisation dans les écoles, les centres de formation et surtout la création d’un groupe de réflexion sur l’immigration africaine, un mouvement qui doit naitre à tout prix pour donner une suite concrète et opérationnelle aux idées courageuses qui ont été exprimées au cours de l’étape romaine de “Affondo”.